Lundi 10 juin s’est déroulée la cérémonie de commémoration du 80ème anniversaire du massacre d’Oradour-Sur-Glane. Une cinquantaine d’élèves de l’Ensemble Scolaire Charles de Foucauld y ont assistée.
10 juin 1944.
643 vies périssent sous les fusils nazis. 643 vies enlevées par la division Wafen SS Das Reich. Ce jour marque le pire massacre de civils par les nazis en Europe occidentale.
10 juin 2024.
3000 personnes rendent hommage aux victimes de ce massacre. 3000 personnes ramènent la vie au milieu des ruines. Ce jour marque le chemin de la réconciliation.
80 ans après le massacre, l’horreur résonne encore.
Il est 8h quand le car pénètre les portes de la ville. A son bord, une cinquantaine d’élèves de l’ensemble scolaire Charles de Foucauld. Collégiens de Jeanne d’Arc et d’Ozanam se sont réunis avec des lycéens de Saint-Jean pour l’occasion : certains sont lauréats du concours national de la résistance, d’autres sont curieux de découvrir les vestiges de la ville, tous sont sensibles à cette tragique période historique.
Munis de leurs bracelets d’invités, les élèves se tiennent patiemment sur la place de l’Hôtel de ville attendant le début de la cérémonie. Les cloches sonnent. 9h, le départ est annoncé. C’est dans un silence solennel que le cortège se met à avancer. A l’avant, les élus et les représentants des victimes d’Oradour sont suivis des porte-drapeaux dont deux élèves de Jeanne d’Arc, Côme et Joseph, ont l’honneur de faire partie. Après avoir déposé des gerbes, dont deux ont été confectionnées par les CAP fleuristes du Lycée professionnel Saint-Jean, au monument aux morts des enfants des écoles et au monument aux morts des deux guerres, tous deux situés dans la nouvelle ville, il est temps de franchir les grilles du village martyr.
Après des mois de pluie, le soleil a décidé de briller, comme une offrande divine saluant le devoir commémoratif de l’anniversaire du massacre. Le contraste est saisissant. Les oiseaux chantent tel un écho de grâce aux balles ricochant contre les murs de l’église 80 ans auparavant. Un hymne à la vie, un poème aux morts. Si l’Homme oublie, la nature est sa mémoire.
Seul un petit groupe est autorisé à entrer dans l’ancienne église et à prier pour les âmes brulées des femmes et des enfants assassinés en ce lieu sacré. Au champ de foire, autre symbole de l’horreur, on observe une minute de silence car vivre l’assourdissante absence peut être insupportable. 70 gerbes sont déposées. Les émotions sont visibles lorsque les invités s’assoient au niveau de l’esplanade du mémorial. Dans le carré réservé aux scolaires, collégiens et lycéens écoutent des témoignages et des poèmes lus par les élèves du village d’Oradour dont la restitution émouvante de leur travail mérite louange. L’ambiance est lourde. Diffusée à travers les enceintes et fredonnée entre les bancs, l’air de John Lennon, Imagine, insuffle la volonté de préserver la paix si durement obtenue.
12h. La chaleur emprunte à l’ambiance son écrasante pesanteur et entérine l’angoisse provoquée par la lecture des noms des 643 victimes du massacre. 246 femmes. 190 hommes. 207 enfants. Chaque nom est accompagné par un âge. La plus jeune victime n’a que douze jours. Pendant près d’une heure, les noms des martyrs reprennent possession des lieux, soumettant les vivants à l’écoute poignante de cette mélodie mortuaire. Les hélices de l’hélicoptère présidentiel rompent l’harmonie silencieuse.
Retransmis sur grand écran, la visite du Centre de la mémoire d’Oradour du président de la République française, Emmanuel Macron, et du président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a suscité un vif intérêt chez les élèves pour qui la venue du chef d’État reste une véritable fierté. Accompagnés par Agathe Hebras, petite-fille de Robert Hebras, dernier survivant du massacre, et de la petite-fille d’un des soldats allemands impliqué dans le massacre du 10 juin 1944, les deux Présidents ont ensuite arpenté les ruines du villages martyr avant de se recueillir devant l’ancienne église. C’est sur un tapis vert qu’Emmanuel Macron et Frank-Walter Steinmeier ont fait leur entrée sur l’esplanade du tombeau des martyrs, saluant affablement les invités sur leur passage.
Le Président allemand a pris la parole en premier en français : « Je tiens à exprimer au nom de l’Allemagne ma consternation et mon affliction face à ces crimes inconcevables et si cruels perpétrés ici par les Allemands, comme ce fut déjà le cas auparavant à Tulle. » Il a évoqué dans son discours le « sentiment de honte qui l’habite » et a salué le travail de réconciliation effectué entre les deux pays. « Nous n’oublierons jamais. » conclut-il avant de laisser la place à Emmanuel Macron. Le Président français s’est exprimé très justement sur la violence des événements du 10 juin 1944, et a poursuivi, « Il a fallu dix, 20, 50, 80 ans pour qu’Oradour, nom de la honte, devienne aussi nom de la mémoire et nom de la réconciliation. Que ce nom de la haine des hommes, nom de leur deuil, soit à nouveau prononcé avec des accents de paix. » Il a souligné l’importance de l’amitié franco-allemande tout en rappelant le « projet si singulier » de l’Europe fondé sur « le pardon et la promesse ». C’est autour de ce projet « fou de paix » et de réconciliation qu’Emmanuel Macron a conclu son allocution : « Il n’y a dans ce projet rien d’évident, rien de spontané, rien de naturel, et il y a le courage des générations qui l’ont vécu. […] Nous nous rappellerons d’Oradour, toujours, pour que l’histoire, jamais ne recommence. »
Emmanuel Macron et Frank-Walter Steinmeier ont ensuite déposé, ensemble, une gerbe au tombeau des martyrs pour rendre un dernier hommage aux victimes du massacre d’Oradour-Sur-Glane. La cérémonie s’est terminée par un remerciement présidentiel à tous les porte-drapeaux. Joseph, élève de Jeanne d’Arc, a eu l’honneur de serrer la main du chef d’État français.
80 ans après le massacre, le devoir de Mémoire continue.
A la fin de la commémoration, quelques élèves de Charles de Foucauld ont témoigné de leur présence et de l’impératif de faire perdurer la mémoire auprès de la presse locale et nationale.
Cette commémoration du 80ème anniversaire du massacre d’Oradour-Sur-Glane a permis aux élèves des différents établissements de l’ensemble scolaire de se rencontrer dans un mouvement de communion mémorielle.
Une cérémonie bouleversante et un hommage qui restera gravé dans les mémoires.
Les élèves et les professeurs de l’ensemble scolaire Charles de Foucauld invités remercient tous les organisateurs de la cérémonie de commémoration, et particulièrement M. Brémaud, responsable du bureau des entreprises au Lycée Saint-Jean et délégué national de l’ANDMRF, qui a coordonné l’événement.
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